Impression à la demande

[Natacha]

Bonjour à toutes et à tous !

Je me permets de lancer un nouveau sujet car je suis complètement perdue !
J'ai reçu un mail de la part d'une toute jeune et toute petite maison d'édition qui aimerait publier un de mes romans. Ils m'ont envoyé un modèle de contrat-type et je les trouve plutôt honnêtes (j'ai montré ce document à ma sœur, qui a travaillé dans l'édition, pour être sûre qu'il ne s'agit pas d'une arnaque).
J'ai fait tout mon boulot d'enquête : j'ai été sur leur site, où ils ne proposent que six ouvrages, mais ce n'est pas surprenant, c'est vraiment tout neuf. Je suis également entrée en contact avec deux de leurs auteurices sur Twitter, qui ont répondu à mes questions et semblent contents de leurs expériences respectives avec cette maison. J'ai même été chez mon libraire pour commander un de leur livres, voir s'il était effectivement disponible...et c'est là que le bât blesse.
Alors : oui, le livre est disponible, ce qui est normal puisque la maison d'édition est rattachée au réseau Sodis. Mais il est disponible en impression à la demande. Ce n'est pas une surprise, c'était précisé dans leur contrat. Ils sont très transparents sur le sujet. Le libraire m'a donc dit qu'il faudrait une dizaine de jours pour avoir l'ouvrage et qu'il fallait régler en avance.

Comme je n'y connais pas grand chose au monde de l'édition (ce serait ma première publication), je me tourne donc vers vous.
Une publication avec impression à la demande vaut-elle le coup ?
Sachant qu'elle nous prive d'avoir notre livre en rayon et donc de la possibilité d'achats "impulsifs".

Je précise que je suis en mesure de faire moi-même une petite communication autour du livre (je suis un peu suivie sur les réseaux sociaux) et que ce serait mon premier pas dans le monde de l'édition (ce qui me permettrait de cocher la case "autrice publiée" de mon CV).

Merci d'avance pour vos réponses !

[Ivan]

Hello hello !

Ma maison d'édition fonctionne aussi comme ça, donc je vais m'abstenir de répondre sur l'aspect "est-ce que ça vaut le coup", par contre je peux en dire un peu plus sur comment ça marche en pratique.
Pour une petite structure, gérer un stock représente une mobilisation de trésorerie qui peut être importante. J'ai fait le choix personnel d'en avoir toujours un petit peu pour pouvoir gérer les commandes web moi-même, mais ce n'est pas forcément le cas pour tous. Si besoin, je peux aussi aller sur le portail de l'imprimeur et lui faire envoyer un exemplaire à l'adresse de mon choix. Pour le client, c'est transparent, modulo les délais.

Au niveau des librairies, elles peuvent effectivement effectuer la commande directement auprès de l'imprimeur (via Sodis), mais les délais d'impression puis d'acheminement mis bout à bout représentent effectivement une dizaine de jours au mieux. La disponibilité en librairie fait partie des objectifs bien compréhensibles de beaucoup d'auteurs, mais aussi d'éditeurs. En pratique, il s'avère que même des MdE qui ont un fonctionnement un peu différent avec des tirages initiaux n'ont pas toujours la capacité de mettre des livres en rayon. La diffusion est presque une compétence à part, où des VRP font le tour des librairies et essaient de convaincre le libraire d'exposer quelques exemplaires. La concurrence avec les mastodontes, comme tu t'en doutes, est rude.
Tu peux faire un test avec ton libraire et regarder quelles maisons d'édition SFFF sont effectivement présentes dans ses rayons, et pour des auteurs français, potentiellement ça t'aidera à relativiser.

Quel que soit ton choix, il te reste toujours la possibilité en tant qu'autrice, même si ce n'est pas ton job mais que tu es prête à t'investir un peu, de faire le tour des librairies / grandes surfaces de ta ville pour les convaincre de s'achalander un peu.
Je laisse des gens qui ont d'autres expériences donner leur avis sur la question, mais il me semble dans tous les cas que le rêve d'être présente toutes les Fnac de France soit irréaliste même avec une maison de taille moyenne.

[Vestrit]

Je sais que l'impression à la demande déplait à certain.es auteurices, notamment pour le côté disponibilité des ouvrages.

Comme le dit Ivan, de nombreuses maisons de taille modestes ne sont de toute façon pas ou peu présentes en librairie, quand bien même elles font des tirages au lieu du POD.
Je pense que c'est une réflexion à avoir, de ton côté, sur le nombre de vente que tu espères faire avec ton livre.
Parce qu'au final, c'est cela qu'influe la présence ou non en librairie.
Autre point à regarder, c'est la réalisation de salons par la maison, parce qu'une petite maison qui fait beaucoup de salon peut beaucoup vendre.
Et corolaire : est-ce qu'ils auront ton titre sur la table pour le vendre si tu n'es pas en dédicaces. C'est important, car souvent qui dit petite maison, dit déplacement à tes frais.

Après, si le travail est sérieux et que les lecteurices apprécient ton ouvrage, cela peut être une bonne entrée dans le milieu, oui.

[Natacha]

Ma maison d'édition fonctionne aussi comme ça, donc je vais m'abstenir de répondre sur l'aspect "est-ce que ça vaut le coup", par contre je peux en dire un peu plus sur comment ça marche en pratique.
Pour une petite structure, gérer un stock représente une mobilisation de trésorerie qui peut être importante. J'ai fait le choix personnel d'en avoir toujours un petit peu pour pouvoir gérer les commandes web moi-même, mais ce n'est pas forcément le cas pour tous. Si besoin, je peux aussi aller sur le portail de l'imprimeur et lui faire envoyer un exemplaire à l'adresse de mon choix. Pour le client, c'est transparent, modulo les délais.

Merci beaucoup pour toutes ces informations d'"insider" ! Je ne connais pas le fonctionnement des maisons d'édition (un comble, étant donné que ça a été le travail de ma sœur), donc ça m'apprend beaucoup
Tout ce que je sais, c'est qu'il faut bannir les maison "à compte d'auteur", le reste est pour moi un grand mystère. En tant que consommatrice, je n'ai jamais acheté de livres en impression à la demande, ou alors sans que je le sache. D'où mes nombreux questionnements.
Après, je comprends bien pourquoi c'est délicat pour une maison de petite taille d'avoir des stocks, surtout en ce moment avec les pénuries de papier et compagnie.

Quel que soit ton choix, il te reste toujours la possibilité en tant qu'autrice, même si ce n'est pas ton job mais que tu es prête à t'investir un peu, de faire le tour des librairies / grandes surfaces de ta ville pour les convaincre de s'achalander un peu.
Je laisse des gens qui ont d'autres expériences donner leur avis sur la question, mais il me semble dans tous les cas que le rêve d'être présente toutes les Fnac de France soit irréaliste même avec une maison de taille moyenne.

Je vais voir ce que je peux faire, j'ai peur de manquer de temps et d'énergie pour aller "démarcher" les librairies parisiennes. Peut-être celles près de chez moi et de mon école (il y a plein de jeunes lecteurices potentiel·les là-bas, héhéhé)...
Oh et, bien sûr, je n'ai pas pour ambition de me retrouver dans toutes les Fnac de France et de Navarre ! J'ai bien conscience que seuls les gros mastodontes de l'édition et les auteurices les plus connu·es ont ce privilège !

Je pense que c'est une réflexion à avoir, de ton côté, sur le nombre de vente que tu espères faire avec ton livre.
Parce qu'au final, c'est cela qu'influe la présence ou non en librairie.

C'est très difficile à déterminer, justement ! Je ne pense certainement pas vendre des milliers d'exemplaires. Que mon livre soit en stock dans certaines librairies ou non, je pense que seul·es celles et ceux qui en auront entendu parler iront l'acheter. Du coup, l'impression à la demande ne fait pas une grosse différence. A moins que mes lecteurices potentiel·les soient tellement pressé·es de lire mon bouquin que deux semaines d'attente soient insurmontables

Autre point à regarder, c'est la réalisation de salons par la maison, parce qu'une petite maison qui fait beaucoup de salon peut beaucoup vendre.
Et corolaire : est-ce qu'ils auront ton titre sur la table pour le vendre si tu n'es pas en dédicaces. C'est important, car souvent qui dit petite maison, dit déplacement à tes frais.

Je n'ai pas l'impression que cette maison soit présente à des salons pour le moment. Elle est vraiment très jeune. Mon libraire n'en avait pas entendu parler. C'est peut-être dans leur projet, mais ce n'est pas pour tout de suite je pense.

Après, si le travail est sérieux et que les lecteurices apprécient ton ouvrage, cela peut être une bonne entrée dans le milieu, oui.

Je suis d'accord quant au fait que c'est une bonne entrée dans le milieu. Plus j'y réfléchis, plus je songe à me lancer !
C'est tellement dur de se décider, je me suis dit que quelques avis supplémentaires, de personnes qui connaissent le monde de l'écriture et de l'édition, ne me feraient pas de mal !

Merci beaucoup à tous les deux !

[Louve]

Un autre point à regarder, c'est si le positionnement de la maison d'édition en question sur le numérique. Certaines maisons d'éditions font vraiment une majorité de leurs ventes en numérique (c'est le cas des miennes, avec environ 90% de ventes en numérique) ou si le papier est majoritaire. cela dépend pas mal du positionnement de la maison et de son lectorat cible. Et cela change beaucoup l'impact que peut avoir le fait d'être en POD ou non.

[Vestrit]

Note qu'il est tout à fait justifié, lors des échanges avec une maison d'édition qui te propose un contrat, de poser la question de ce qu'ils font en termes de promotion, et notamment s'ils prévoient à termes de faire des salons par exemple.

Tu peux aussi regarder si on trouve des chroniques de leurs ouvrages, par quelles personnes (petits ou gros blogueurs), si leurs titres sont référencés sur les réseaux sociaux de lecture.

[Natacha]

Un autre point à regarder, c'est si le positionnement de la maison d'édition en question sur le numérique. Certaines maisons d'éditions font vraiment une majorité de leurs ventes en numérique (c'est le cas des miennes, avec environ 90% de ventes en numérique) ou si le papier est majoritaire. cela dépend pas mal du positionnement de la maison et de son lectorat cible. Et cela change beaucoup l'impact que peut avoir le fait d'être en POD ou non.

J'avoue ne pas leur avoir posé la question, je vais le faire tout de suite.
Merci pour le conseil !

Note qu'il est tout à fait justifié, lors des échanges avec une maison d'édition qui te propose un contrat, de poser la question de ce qu'ils font en termes de promotion, et notamment s'ils prévoient à termes de faire des salons par exemple.

Tu peux aussi regarder si on trouve des chroniques de leurs ouvrages, par quelles personnes (petits ou gros blogueurs), si leurs titres sont référencés sur les réseaux sociaux de lecture.

Très bonne idée, merci ! Je vais ajouter ça à ma liste de question !

[Crazy]

Juste pour dire que je suis publiée aux Editions du 38, qui sont numériques + PoD, et ça se passe bien

(Bien sûr, je préférerais moi aussi que mes bouquins soient trouvables directement (= sans commander) en librairie, mais ce n'est pas un mauvais modèle).

[Lullaby]

Mes éditeurs actuels fonctionnent avec l'impression à la demande, et comme pour Crazy ça se passe bien.